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Une préparation physique et mentale optimisée grâce à Holistic Tennis

21 MARS 2023par Romain Vinot

Depuis l’édition 2022 de Roland-Garros, l’équipe de formation travaille en étroite collaboration avec Holistic Tennis afin d’optimiser la préparation physique et mentale des ramasseurs de balles. Co-fondateur de cette structure, Cédric Brandli est revenu pour nous sur les enjeux de ce partenariat, des premiers entraînements jusqu’au tournoi, en passant par les ateliers proposés lors des sélections.

En préambule, pouvez-vous présenter Holistic Tennis ?

Cédric Brandli : Diplômés d’un master STAPS et passionnés par le tennis, le mouvement et l’éducation, nous avons créé Holistic Tennis avec Luc Bardeau. Du grec Holos qui signifie "le tout, l’entier", la philosophie de ce projet se base sur une approche globale du coaching du joueur de tennis et de l’humain.

Nos collaborations en France et à l’étranger nous offrent la possibilité d’accompagner des joueurs de tous niveaux au quotidien, avec une approche à 360°. Nous organisons des camps d’entrainements mais aussi des Tennis Coaching Conférences en France pour les entraîneurs, les parents, les joueurs et tous les passionnés qui souhaitent simplement apprendre et progresser.

Comment est née la collaboration entre Holistic Tennis et les ballos de Roland-Garros ?

C.B : En 2018, nous avons rencontré Quentin Sureau (ancien superviseur des ramasseurs) à l’université de Lyon et nous nous sommes très rapidement rendus compte des synergies entre notre approche et celle des ballos. Malheureusement, la pandémie mondiale a repoussé notre partenariat mais en 2021, nous avons assisté à des sélections et des stages afin de comprendre toutes les étapes du processus et de vivre cette expérience de l’intérieur.

Avec les formateurs, nous partageons les mêmes valeurs éducatives et cette envie de rendre l’aventure des jeunes ramasseurs encore plus riche. C’est donc assez naturellement que nous avons démarré cette collaboration en 2022.

En quoi consiste votre activité auprès des ramasseurs ? 

C.B : L’objectif principal est vraiment d’optimiser la préparation générale des ramasseurs pour Roland-Garros. Pour cela, nous agissons à différentes étapes du processus. On cherche tout d’abord à analyser et quantifier l’activité des jeunes pendant le tournoi. Par exemple, lors de l’édition 2022, plusieurs ballos ont été équipés de GPS sur les trois courts principaux afin de collecter de nombreuses données comme les vitesses maximales de course, la distance totale parcourue ou encore le nombre d’accélérations.

C’est une première mondiale puisqu’aucune recherche n’avait été effectuée auparavant sur les ramasseurs d’un tournoi du Grand Chelem. Ces éléments permettent de se rendre compte de l’exigence quotidienne d’un tel événement et par conséquent, de préparer au mieux les jeunes pour qu’ils puissent vivre l’aventure du premier au dernier jour sans se blesser, tout en étant les plus performants possibles sur le terrain.

©Clément Mahoudeau / FFT

Pouvez-vous donner quelques chiffres clés issus de cette collecte ?

C.B : Certaines données sont assez marquantes ! Par exemple, un ramasseur effectue en moyenne 3090 mètres et 197 accélérations par jour sur le court. Les valeurs les plus élevées obtenues par un ballos faisaient état de 5020 mètres parcourus et 360 accélérations en une journée. Ce n’est pas négligeable quand on sait qu’il faut être capable de répéter ces efforts tous les jours, cela demande une bonne préparation. La vitesse maximale enregistrée était de 23,5 km/h.

Nous avons également analysé la différence d’activité entre les ramasseurs présents en fond de court et ceux au filet. En moyenne, les jeunes qui exercent au filet effectuent environ 40% de distance et 60% d’accélérations supplémentaires. Cela montre qu’il existe vraiment deux rôles bien distincts chez les ramasseurs et qu’être au filet nécessite des capacités supérieures, notamment sur le plan physique.

Tous les résultats sont disponibles dans l’article scientifique publié récemment dans l’International Journal of Environmental Research and Public Health. Nous allons également les publier dans la revue Coaching and Sport Science Review de l’ITF (disponible en français, anglais et espagnol), pour que le tout le monde y ait accès afin de mieux comprendre l’activité des ramasseurs pendant les tournois.

Intervenez-vous également lors des stages de formation, une fois que les sélections sont terminées ?

C.B : Oui, nous intervenons pour la première fois cette année lors des stages de formation durant lesquels nous dirigeons différents ateliers pour challenger les jeunes : motricité, vitesse, rythme, coordination œil-main, agilité, coopération en équipe, nutrition, gestion du stress, récupération, concentration, etc. Nous explorons avec eux un large spectre de situations et de mouvements pour stimuler le cerveau, le corps et développer leurs capacités motrices, physiques et cognitives.

Cela nous permet également de les voir évoluer dans un autre contexte que celui du ramassage, d’observer leur comportement, leurs interactions sociales, leur capacité d’apprentissage et d’adaptation, qui sont indispensables sur le court et dans leur vie quotidienne ! Nous en profitons également pour réaliser avec chacun d’entre eux des tests plus poussés sur les performances physiques (vitesse, explosivité) et mentales (estime de soi, bien-être).

Concrètement, en quoi consistent ces différents ateliers et tests ?

C.B : Durant les sélections par exemple, chaque candidat effectue un test de vitesse spécifique de 2x10 mètres avec un ramassage de balle chronométré par des cellules, ce qui nous permet d’obtenir un classement par sélection, par âge et par sexe. Lors des stages, nous avons également différents tests de vitesse, de détente verticale, de répétitions de sprints, d’aptitudes mentales, de bien-être et d’estime de soi afin de profiler chaque jeune.

Ces tests n’ont pour le moment aucune influence sur le fait qu’un jeune soit sélectionné ou non pour l’étape suivante. Nous mettons simplement en corrélation les résultats des ateliers et la sélection classique effectuée par l’équipe d’encadrement afin de dégager certaines tendances et optimiser les sélections pour les années futures.

Les ballos sélectionnés pour Roland-Garros bénéficient-ils d’un programme d’entraînement spécifique ?

C.B : Oui, c’était la grande nouveauté de l’édition 2022. Ils ont accès à un programme d’entrainement de trois semaines via une application avec des séances quotidiennes de 20 minutes environ. Des contenus variés sont proposés. On retrouve évidemment de la préparation physique avec des séances de vitesse, de coordination, de renforcement et de motricité mais également de la préparation mentale avec des initiations à la gestion du stress, de l’instant présent et la concentration.

Enfin, on profite de cette opportunité pour les sensibiliser aux fondamentaux de la santé que sont le sommeil, la nutrition et l’hydratation à travers des petites capsules éducatives afin de leur donner tous les outils nécessaires. L’objectif est que chaque ramasseur soit prêt le Jour-J, pour profiter à 100% de l’expérience Roland-Garros et qu’il garde avec lui des apprentissages pour la vie !

Pour vous, quelles sont les prochaines étapes ou les prochains projets de collaboration ?

C.B : L’objectif principal de l’édition de 2023 est d’effectuer des tests à 360° avant et après Roland-Garros pour quantifier les bénéfices de cette expérience auprès des jeunes ramasseurs (qualités physiques, mentales, cognitives et sociales). Est-ce que ramasser pendant le Grand Chelem vous rend plus rapide, plus endurant, augmente l’estime de soi, développe vos aptitudes mentales ? On a déjà certaines hypothèses mais c’est ce que l’on va chercher à quantifier.

Nous allons également pousser encore plus loin l’analyse de la charge des ramasseurs du premier au dernier jour du tournoi en ne se limitant pas à ce qu’il se passe uniquement sur le terrain, on va inclure les déplacements au stade, les échauffements etc. Nous allons également répertorier les différentes blessures qui interviennent durant le tournoi pour mieux comprendre les mécanismes corporels des ballos et mieux les préparer dans le futur.

Enfin, sur le long terme, l’objectif est d’obtenir un suivi longitudinal de cette population (12-16 ans) de jeunes sportifs et ainsi d’observer l’évolution – positive, on l’espère – de leurs capacités physiques, mentales et cognitives au fur et à mesure des années. Apporter notre petite pierre à l’édifice du développement de la santé globale et des performances de la nouvelle génération donne du sens à la collaboration que nous venons d’entamer avec le staff des ballos ! 

Pour en savoir plus et suivre Holistic Tennis sur les réseaux sociaux :

Instagram : @holistic_tennis

Facebook : holistictennishub

Site internet : www.holistic-tennis.fr

Contacts : contact@holistic-tennis.com

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