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Laura et Gatien : "Chaque année de ramassage a été exceptionnelle"

30 NOV. 2023par Romain Vinot

Du tournoi ITF de Croissy-Beaubourg jusqu’au court Philippe-Chatrier de Roland-Garros, Laura Legoût et Gatien Mussou nous racontent leur incroyable aventure de ramasseurs. Une expérience commune et des souvenirs inoubliables pour ces deux ballos de 16 ans, qui vivront un dernier grand moment ensemble, en 2024.

Pouvez-vous nous détailler votre CV de ramasseurs de balle ?

Laura : Notre aventure a commencé en Seine-et-Marne, durant plusieurs éditions du tournoi ITF de Croissy-Beaubourg. En 2019, nous nous sommes inscrits aux sélections de Roland-Garros et nous avons été retenus pour participer aux éditions 2020, 2021, 2022 et 2023. Durant cette période, nous avons également ramassé au Rolex Paris Masters. Nous étions ensemble avec Gatien durant tous ces tournois donc nous avons vraiment vécu une aventure commune !

Comment est née votre vocation pour le ramassage ?

Gatien : Ma sœur a participé à l’édition 2017 de Roland-Garros et tous les soirs, elle me racontait ses journées. J’étais complètement émerveillé en l’écoutant et c’est pour cela que j’ai voulu devenir ramasseur à mon tour.

Laura : Un de mes frères a également officié Porte d’Auteuil en 2017, en même temps que la sœur de Gatien ! Il m’a transmis cette envie de vivre cette expérience unique. De plus, en tant que passionnée de tennis, je voulais avoir cette chance d’être aux côtés des plus grandes joueuses et des plus grands joueurs du circuit et de participer à l’un des quatre plus grands tournois du monde.

©FFT

Quelles sont les qualités requises pour ramasser quatre ans de suite à Roland-Garros ?

Laura : Je dirais que le plus important, c’est d’avoir l’esprit d’équipe. On forme vraiment une grande famille en tant que ramasseurs et il est primordial de s’entraider sur et en dehors des courts. Ensuite, évidemment, il faut essayer d’être le plus rapide et le plus discret possible sur le terrain, il faut toujours être à 200%, anticiper au maximum et se concentrer pour ne commettre aucune erreur.

Gatien : Les qualités principales d’un ballos sont la concentration, le dynamisme, l’esprit d’équipe mais surtout, le SOURIRE ! Après avoir passé l’étape de la sélection, il faut performer sur le court et se démarquer des autres par son niveau de ramassage et sa bonne humeur. C’est à l’issue de Roland qu’on sait si on participera au Rolex Paris Masters. Mais même si ce n’est pas le cas, on peut quand même écrire une lettre de motivation pour intégrer l’équipe de RG l’année suivante.

Avez-vous vécu la même expérience au cours de ces quatre années ou était-ce différent chaque saison ?

Gatien : Pour moi, tous les tournois ont été extraordinaires mais aussi différents. J’ai gagné en expérience et en maturité à chaque édition, j’ai progressé année après année. La première fois, j’ai vraiment découvert le monde du ramassage et j’étais un peu stressé, notamment sur les grands courts. Je faisais partie des petits nouveaux mais lors des éditions suivantes, j’avais le statut d’ancien ! On vit différemment les trois semaines parce qu’on vise la perfection pour donner le bon exemple.

Laura : Les gens pourraient croire qu’après quatre ans, on finit par se lasser ou s’ennuyer mais ce n’est absolument pas le cas. Chaque année de ramassage a été différente et exceptionnelle. Si on le pouvait, on referait Roland encore et encore ! J’ai vécu ce tournoi et le Rolex Paris Masters en tant que nouvelle puis en tant qu’ancienne, pendant et après la période de Covid, dans un stade presque vide ou totalement plein… On a même participé à la fameuse édition de septembre-octobre 2020 ! On a rencontré des personnes différentes tous les ans, elles nous ont appris de nouvelles choses et nous ont permis de grandir au fur et à mesure.

©FFT

Est-ce que vous avez constaté des évolutions dans l’exercice du ramassage et au sein de l’équipe encadrante durant cette période ?

Gatien : Les éditions 2020 et 2021 ont été particulières, le stade était soit à huis-clos soit très peu fréquenté donc les ramasseurs se sentaient un peu privilégiés. Sur le terrain, nous n’étions que quatre ou six et il a fallu un temps d’adaptation car nous n’étions pas formés à cette situation. Ce n’est qu’à partir de 2022 qu’on a pu profiter d’un "vrai Roland-Garros", avec une ambiance incroyable et des sessions de soirée sous le toit du court Philippe-Chatrier. Quant à l’équipe, certains de mes camarades de première année sont devenus mes encadrants et mes premiers encadrants dirigent désormais le service !

Laura : C’est sûr qu’en quatre ans, il y a eu pas mal d’évolutions ! On a connu la mise en place du toit sur le court central et l’année prochaine, il y en aura un autre sur le court Suzanne-Lenglen. On a aussi ramassé le soir et la nuit, dans des tenues spéciales… Je retiens aussi que depuis 2022, les ramasseurs de la finale dames ne sont pas les mêmes que pour la finale hommes, ce qui permet à un maximum de jeunes de vivre cette opportunité incroyable.

Justement, quel est votre plus beau souvenir à Roland-Garros ?

Laura : En ramassant pendant quatre années consécutives, on a énormément de souvenirs, tous plus merveilleux les uns que les autres. C’est difficile de n’en choisir qu’un mais je dirais la demi-finale entre Novak Djokovic et Rafael Nadal en 2021. Il n’y a rien de plus exceptionnel que de ramasser durant un match opposant deux des plus grands joueurs de tous les temps, et de partager cette aventure avec nos meilleurs amis. Outre le niveau de jeu inégalable, le moment où le speaker Marc Maury a annoncé que les spectateurs pouvaient rester jusqu’à la fin malgré le couvre-feu était exceptionnel. Les spectateurs – qui assistaient certainement à l’un des plus grands matchs de l’histoire du tournoi – étaient persuadés qu’ils allaient devoir quitter le stade mais suite à l’annonce, tout le monde était tellement heureux… J’en ai encore des frissons ! Et pour couronner le tout, à la fin de la rencontre, nous avons appris que les 18 ramasseurs du dernier carré allaient également officier pendant les finales. J’ai pleuré de joie et de fierté, c’était un rêve qui se réalisait !

Gatien : Je pense que le souvenir le plus marquant était ma rencontre avec Novak Djokovic après son sacre en 2023. Partager un moment d’intimité avec un joueur aussi légendaire, c’est inoubliable. En plus, quelques mois plus tard, il m’a reconnu lors du Rolex Paris Masters !

©Corinne Dubreuil / FFT

En tant que ramasseurs parisiens, avez-vous eu l’opportunité d’héberger d’autres camarades pendant le Grand Chelem ?

Gatien : En 2020, je n’avais pas pu accueillir de ramasseurs chez moi mais les années suivantes, cinq sont venus remplir la maison de bienveillance et de rires ! Nous avons évidemment beaucoup de points et d’intérêts communs et nous sommes tous devenus très proches.

Laura : Oui, une, deux voire trois filles sont venues chez moi à chaque édition. C’est incroyable de pouvoir partager cette expérience avec d’autres ramasseuses. On a la même passion et ça s’est toujours très bien passé, à chaque fois nous nous sommes senties très proches en quelques jours, comme si on se connaissait toutes depuis une éternité !

Même si elle n’est pas totalement terminée, quel bilan dressez-vous de cette formidable aventure de ramassage ?

Laura : Cette aventure a marqué ma vie, je ne l’oublierai jamais ! Elle m’a permis de renforcer mon esprit d’équipe, d’apprendre à me dépasser et à sans cesse progresser. Elle m’a fait grandir et mûrir, j’ai vécu les plus beaux moments de ma vie dans la grande famille des ballos. J’ai côtoyé des personnes exceptionnelles qui m’ont fait devenir la meilleure version de moi-même. J’ai vraiment fait les plus belles rencontres de ma vie grâce à cette magnifique aventure. Et ce n’est pas fini puisque j’ai eu l’immense plaisir d’être sélectionnée pour les Jeux Olympiques de Paris 2024, qui se dérouleront en juillet prochain au stade Roland-Garros !

Gatien : Cette aventure restera à jamais gravée dans mon esprit, elle m’a marqué par ses valeurs intemporelles et universelles (l’amitié, le collectif, le surpassement de soi etc.). J’ai appris que rien n’était impossible avec de l’envie et de l’enthousiasme. Ces grands principes m’ont construit, régissent mes relations sociales et scolaires et me resserviront dans ma vie professionnelle. Être ramasseur est un rêve et je n’ai pas envie de me réveiller… Et ça tombe bien puisque je vais aussi faire les J.O en 2024 ! D’ailleurs, j’aimerais à l’avenir intégrer le staff des ramasseurs et continuer ce parcours avec un autre statut. Qui sait, peut-être que le ramassage deviendra mon métier ?

©Corinne Dubreuil / FFT

Pour conclure, que diriez-vous à tous les jeunes qui rêvent de devenir ramasseurs de balles à Roland-Garros ?

Laura : De foncer, de se donner vraiment à fond et de s’entraîner pour mettre toutes les chances de leur côté, pour ne rien regretter. Et si jamais ils ne sont pas pris mais qu’ils ont la possibilité de retenter leur chance, il faut qu’ils réessaient. Il ne faut jamais abandonner, il faut toujours persévérer, parce qu’ils vont vivre la plus belle aventure de leur vie ! Pour ceux qui sont sélectionnés, il faut profiter un maximum, parce qu’ils ne peuvent pas imaginer à quel point les trois semaines à Roland passent à vitesse grand V.

Gatien : Mon conseil aux jeunes qui ont l’ambition de devenir ramasseurs, c’est de faire d’autres tournois avant de se lancer dans les sélections de Roland-Garros. C’est très formateur et ça leur permettra d’avoir une longueur d’avance sur les autres car les sélections sont très compliquées. J’aimerais leur dire de se donner à fond et de s’entraîner dès qu’ils le peuvent afin de participer à ce tournoi magnifique. Il faut profiter de cette expérience inoubliable, exceptionnelle et fabuleuse !

©Christophe Guibbaud / FFT
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